Eo : stade larvaire II
Le palais de Jade…
Eo est déjà venue ici avec son père pour des cérémonies officielles…
Sur la grande estrade, Eo s’attend à trouver le grand Samurai sévère qui lui faisait si peur.
Mais, au lieu de cet effrayant personnage se trouve une grande dame, agenouillée en Seiza, les genoux serrés qui regarde Eo à genoux un demi pas derrière sa grand-mère.
La dame semble illuminer la pièce de sa présence.
Tellement qu’Eo ne prend pas conscience tout de suite qu’elle parle.
- Le clan Kitsune serait fier d’accueillir, votre petite fille dans son école. »
Matsushiko sur son estrade semble pensive un bref instant avant de reprendre :
- Fuminori-San, nous sommes parentes, éloignées certes, mais après ce massacre de tels liens se resserrent. Nous pouvons parler entre nous sans dissimuler les idées par des mots tellement polis qu’ils sont menteurs :
De notre école, il ne reste que les murs. Les élèves, les professeurs, jusqu’aux cuisiniers, tous sont morts… J’ai beaucoup à faire par ailleurs, il faudrait un samurai de notre clan pour relever cette institution ?
Fuminori se redresse encore.
Eo observe comment elle respire brièvement avant de répondre
- Ce serait un honneur pour moi de vous décharger de ce fardeau.
Alors elle s’incline jusqu’à ce que son front touche le sol, puis elle se redresse lentement. Eo n’aurait jamais cru que sa grand-mère soit capable d’une telle souplesse.
Tout en sortant, Eo ressent encore l’apaisement qui émane de l’intonation et des gestes de Dame Matsushiko.
Eo sourie, fière d’avoir compris comment avec le changement de daimyo du clan, ses deux grands-mères parentes de l’un ou de l’autre ont inversé ainsi la hiérarchie entre elles.
L’énergie de sa grand-mère relève l’école. Les serviteurs reviennent.
Un matin un vieil homme se présente à la porte de l’école. Un vieil ermite autrefois professeur, autrefois samurai venu pour reprendre du service.
Les bibliothèques privées du Kyuden sont mise à contribution pour enrichir celle de l’école qui avait brulée.
Trois semaines plus tard trois enfants d’une dizaine d’années viennent pour mettre un terme à la solitude de Eo-élève.
Trois mois plus tard c’est quinze enfants qui apprennent les rudiments de la vie de samurai.
Fuminori mourra dix huit mois plus tard épuisée, sa dernière mission accomplie.
Eo étudiera dans l’école pendant cinq ans.