Loin dans le futur, rien ne change...

Année 3218.
En ce temps là l'Empire était encore cerné de toutes parts. Les clans de la période pré-féodale puis féodale avaient laissé place à des maisons puis à des grosses corporations qui soutenaient un empereur on ne peut plus faible et absent. D'ailleurs, existait-il ? Kyuden Seigikami, Kyuden Torayama ou Kyuden Saru, autant de lieux mythiques disparus à jamais, enfouis sous les constructions de bétons et d'acier de l'ère des tempêtes.

Les combattants du IVe millénaire gardaient encore sur eux ce qui faisaient de leurs très lointains ancêtres des êtres à part. Les combattants de la liberté portaient avec fierté un long Katana de titane forgé placé avantageusement dans le dos, harnaché aux lourdes armures mécanisée, comme dernière arme à utiliser avant la mort.

L'Empire Yugi était resté plus que calme pendant deux milles longues années. L'Empire du Soleil Rouge en avait profité pour se moderniser, pour panser ses plaies. Pour préparer sa revanche sur les terres du sud.

Mais qui savait ce qu'attendaient les hommes par delà ces terres inhospitalières ?
En l'an 3212, le Chokumei Impérial, Kumayama Hoji rassembla ses Rikugunshokan pour une réunion d'Etat Major. L'heure de la revanche avait sonné. 560 000 hommes et 35 000 véhicules, dont 20 000 blindés furent lancés à travers ce que les livres d'histoire appelaient désormais la Terre des Ombres.
L'ère des batailles avait commencé.
*****************************

HEICHITARO A COUVERT !

Sous le fracas des obus ennemis et malgré les tirs de suppression qui emplissaient l'air d'un vacarme proprement assourdissant, le Gunso Saruzumi Akagi tenait fermement ses hommes à l'œil. Recroquevillé derrière une pile de vieux pneus plus qu'usagés, lui et son escouade tentait de tenir bon en attendant des renforts, maintenant jugés hypothétiques. La quarante-troisième Hoheishidan avait été déployé dans des terres escarpées à, à peu près, 460km au nord de Kyuden Neko. La section d'Akagi faisait partie de l'avant-garde qui devait sécuriser les anciennes routes impériales, pour le passage des Senshashidan du Rikugunshokan Kumayama Arato.
Mais le gunso et ses hommes étaient tombés sur un os. Et un gros.
Akagi avait déjà perdu deux des gars de son escouade, vaporisés par des tirs d'armes lourdes.
Le Gunso tripotait frénétiquement la radio greffée à son armure Tetsu 12. mais elle se contentait de grésiller péniblement. Jetant un œil autour de lui, il lança vers une forme accroupie dans le coin d'un immeuble en ruine.

Goro ? Fous moi un putain de tirs de couverture vers ces enculés, tu veux ? Masaro, Kihei et Amaru vous prenez par la gauche, 11h-11h30.
Itsukage, Hamagawa et Chosuro, on sort tous les quatre ! On se bouge les filles !

A vos ordres Gunso-sama !

L'homme qui se nommait Goro se leva alors puis arma son PKT-46 d'un claquement sourd avant de poster l'énorme engin en position de tirs. L'Empire avait toujours eu un mal de chien pour trouver des types capables de porter et d'utiliser ses inventions avec talent. Et Goro en faisait partie.
Un déluge infernale s'abattit sur les troupes difformes de l'ombre et pendant un court instant les tirs ennemis se turent.

A nous de jouer les louloutes !

Akagi se leva d'un bond et courut vers l'immeuble qui tenait l'autre coin de rue. Son armure mécanisée Tetsu 12. grinçait mais donnait tout ce qu'elle avait pour faciliter les déplacements du bushi.
L'ennemi semblait les avoir repéré malgré les tirs frénétiques de Goro et Akagi sentit des ricochets sur son épaule mais les tirs étaient déviés sans mal, heureusement, par la carapace qu'il portait.
Arrivant sauf, il se retourna et son regard accrocha avec satisfaction les trois bushi qui le suivaient. En face de lui, les trois derniers membres de son escouade avaient également avancé, certes que de quelques mètres, mais sans encombre.
Jetant un regard plus en avant, le Gunso de l'Armée Impériale grimaça.

Ces fils de chien ont barricadé l'ancien entrepôt du village. Va falloir les en déloger les mecs...
On va les chopper par la gauche, mes cartes indiquent un passage. Pas besoin de se coltiner ces putains de ruelles à découvert.

Akagi dégaina le sabre en titane accroché fermement dans son dos.

Pour l'Empereur !!

Les premiers jours de l'offensive avaient été globalement réussis. Les forces Impériales avaient progressé sur tous les fronts même si, dans l'ensemble, un sentiment étrange se manifestait: Les premiers combats avaient été bien trop faciles.
Au sud-est de l'Empire, les Hoheishidan avaient enlevé les passages stratégiques qui devaient permettre aux Senshashidan de passer les nombreux cours d'eaux entravant leur progression.
Le Taisa Seigirasu Shigetoki était debout, les jumelles sur les yeux, sur le plancher supérieur de son Fusanori 45BF, un char Impérial particulièrement impressionnant. Sa section était constituée de quatre autres de ces engins et patientait derrière lui, positionnée en une formation triangulaire, appelée 'fer de lance blindé'. Dans quelques minutes, ils avanceraient. Profitant de ce temps mort plus que bienvenu, le fringant jeune homme se remémora quelques évènements passés.

Issu d'une famille noble de la maison Seigirasu, il avait très tôt choisi la voie des armes pour devenir officier. Après de brillantes études à l'académie militaire des 5 pics, Shigetoki opta pour l'arme blindée. Celle-ci n'était, certes, pas toute récente mais elle n'avait jamais réellement eu l'occasion de montrer à tout l'Empire ce dont elle était capable. Shigetoki pensait à juste titre que sa formation de Kishu, traditionnelle mais obsolète, ferait de lui un Taisa de Sen'sha plus que correcte. Ainsi évolue même le métier des armes.
Les imposantes voies bétonnées qui reliaient la mégalopole Kyuden Karasu à Kyuden Yachu, le port de guerre de l'Empire, avaient laissé le temps à Shigetoki de se bercer d'espoir. C'était la croix d'Aurore qu'il convoitait, il ne l'avait jamais caché. C'était l'ultime récompense pour les fidèles combattants de l'Empereur Shunbin XXII, et ceux qui l'avaient reçu la portaient à coté de leur Mon de clan avec fierté.

Le jeune homme sortit brutalement de sa rêverie, l'horloge interne de son Fusanori 45BF avait sonné, stridente. Il était temps.
Shigetoki ordonna l'ordre de marche et les cinq blindés avancèrent à travers les mauvaises routes de Terre des Ombres.
Arrivés dans une petite ville, les tankistes redoublèrent de vigilance, les corps de dizaines de Bakémonos ainsi que de soldats portant l'insigne de l'Empire Yugi jonchaient les rues. L'ennemi utilisait des créatures étranges, antiques, pour tenter de submerger les troupes Impériales. L'Etat-Major avait très vite pris des mesures pour contrer cet état de fait.
Avançant dans les ruines, Shigetoki s'arrêta devant un vieil entrepôt en flammes, des hommes étaient assis devant, exténués.

Gunso ? Je suis Seigirasu Shigetoki, deuxième Senshashidan. L'endroit est-il sûr ?

L'autre homme fit grincer son armure en se levant après avoir fait le salut réglementaire plus par habitude que par respect.

Gunso Sarazumi Akagi, de la quarante-troisième, Taisa-sama. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on en a chié ici. Mais on a réussi à enlever la ville à ces salopards, ça c'est certain.
Faut dire qu'en face c'était pas du lourd visiblement. Comme de la garnison. Pas de l'élite.

Il stoppe un moment puis voyant que le Tankiste ne répond pas, il montre la sortie de la ville, vers le sud.

A deux bornes d'ici, un de mes gars a repéré des trucs louches, c'est du gros. Moi, j'attends les ordres de mes supérieurs Taisa-sama.

Shigetoki salua le Gunso par un signe de tête poli avant de répondre.

Arigato Gunso-san. En effet, oui, c'est vers là-bas que nous allons. Et grâce à l'Empereur, nous vaincrons.

Démarrant les moteurs, la petite colonne de tankistes sortit de la petite ville pour se diriger vers le sud. Les radars de leur Sen'sha commençaient néanmoins à ne plus fonctionner aussi bien que d'habitude. Pourtant Shigetoki avait pris soin de faire inspecter le matériel de nombreuses fois avant le départ.
Mais c'était la gloire qui les motivait. Ils passèrent des collines, des cuvettes et des plaines ombragées avant que le chef de char qui tenait lieu d'arrière-garde stoppa sa machine pour alarmer Shigetoki. L'homme était paniqué. A 500 mètres, sur leur gauche, des centaines, des milliers de petites formes s'agitaient et progressaient vers eux, à une allure folle. Derrière elle, une bête incroyable, venu des temps anciens semblait flotter dans les airs, grâce à ses imposantes ailes réptiliennes.

Sensha, en ligne, canons à 9h, munitions anti-personnelles, chargez !

Shigetoki rentra en hâte dans son char et referma l'écoutille. Alors que ses blindées essayaient au plus vite de se placer avantageusement par rapport au terrain, le Fusanori 45BF sur sa droite explosa en une énorme boule de feu. Horrifié, le jeune Taisa tentait de ne pas perdre le contrôle de la situation. La radio dans la main gauche et les jumelles dans l'autre, il aboyait ses ordres comme un forcené, relayé par son canonnier.

150-50-150. 9H15. CIBLE VERROUILLÉE !
Cible verrouillée !

OBUS CHARGÉ !
Obus chargé !

FEU !
Feu !

L'énorme char envoya son projectile qui fit trembler la carlingue du véhicule. En face l'explosion tua sur le coup des dizaines de Bakémono mais la puissance des quatre Fusanori 45BF ne serait pas suffisante. Shigetoki le savait. Il n'aurait pas sa croix d'Aurore. Ou il l'aurait, mais mort.
Deux minutes plus tard, après que le démon de l'ancien âge eut transpercé le char à la gauche du Taisa à l'aide d'une immense lame noire, Shigetoki ordonna l'auto-destruction de son char.
Avec un peu de chance il emmènerait avec lui, dans la mort, le monstre démoniaque.

Un peu plus de deux mois avaient passé depuis le déclenchement des hostilités. Le Chokumei Impérial, Kumayama Hoji et son Etat-Major, après les premières avancées des forces du Soleil Rouge, avaient du marquer une pause. Le temps était particulièrement excécrable au sud de la Terre des Quatre Poissons Chats et jamais depuis mémoire d'hommes on avait vu une saison des pluies aussi marquées. Les blindées n'avançaient plus, empêtrés dans plusieurs centimètres de boue et sans ce soutien, il était clair que les Hoheishidan ne pourraient pas, elles non plus, avancer plus en avant dans les Terres des Ombres.
Le Chokumei déplia la carte que ses nombreux aides de camps avaient passé la nuit à faire, tentant d'être le plus précis possible.

Loin dans le futur, rien ne change... Srmodif

Les deux offensives avaient relativement bien démarrées même si les objectifs secondaires n'avaient pas été atteints. L'offensive Nord avait pour objectif d'atteindre la côte Ouest de manière à couper, du moins c'est ce que l'Etat Major pensait, les forces ennemis bordant le Nord-Ouest de l'Empire de leur ravitaillement en provenance du sud. Une fois cet objectif atteint, la deuxième Flotte Impériale devait sortir de son point d'ancrage du port de Shiro Ryushin pour empêcher un hypothétique ravitaillement ennemi par voies maritimes. La deuxième flotte avait reçu il y'a quelques mois ses derniers cuirassés lourds, le Torayama Jotaro, le Yatagarasu Fujiwara et l'Empereur Phénix. Ceux-ci avaient rejoints les deux bâtiments plus anciens qu'étaient le Kuma Kaneda et le Cinq Pics. En sus, les deux portes-avions cantonnés à Shiro Ryushin, l'Impératrice Yumiko et le Shunbin Ier étaient sur le point d'appareiller.

Au sud, les impériaux avaient lancé leurs divisions dans les plaines en direction de ce qui semblait être la capitale de l'Empire Yugi, ce que les vieux livres nommaient 'Kyuden Yugi'. Plusieurs fois, les forces aériennes avaient eu pour mission de survoler les terres ennemies pour repérer l'adversaire. Mais une fois que les appareils étaient entrés dans les cieux ennemis,les contacts avaient été perdu et on ne revoyait jamais les pilotes revenir.
Kumayama Hoji et ses Rikugunshokan avançaient en réalité beaucoup au hasard et contrairement à ce que pouvait laisser penser l'euphorie des premiers jours, les forces ennemies étaient plus que coriaces, combatives et, surtout, nombreuses. Les rapports s'enchainaient concernant plusieurs groupes de reconnaissance blindés de la 2ème Senshashidan qui avaient été détruits en quelques dizaines de minutes après des engagements qui semblaient avoir été extrêmement violents. Pourtant Kumayama Hoji semblait encore plus que confiant. L'Empire avait encore énormément de ressources derrière lui et seule une petite partie des forces armées avaient été engagées pour cette campagne. De plus, une fois atteints les environs de la capitale ennemie, un débarquement de grande ampleur était prévu tout au sud de la Terre du Soleil Rouge afin de prendre l'ennemi à revers.

Et en cas de coup dur, les forces impériales pourraient se replier sur la ligne de défense entre la Cité-Forteresse de Shiro Kumayama et le port militaire, là où était cantonnée la première flotte, de Kyuden Fujiyachu. La ligne 'Nihon' avait été fortifié remarquablement pour protéger l'Empire et même si ses innombrables casemates dataient un peu désormais, il était clair pour l'Etat Major Impérial qu'une contre-offensive ennemie ne pourrait que s'y briser.
Le Chokumei sourit un instant.
Non, il n'y avait aucunes raisons de s'inquiéter.

Ce jour, le soleil tapait avec force sur les casques en titane des soldats de garde à Kyuden Nihon. Les longues journées d'été, chaudes et sèches, faisaient la joie des jeunes nobles qui se baignaient dans les bassins impériaux du palais de la capitale de l'Empire. Derrière des grilles de fer forgé, les Eta et les heimin laissaient aller leur regard, jaloux mais habitués aux traditions millénaires.
Plus haut, une fois montées les marches en jade qui permettaient l'accès à au joyau d'architecture qu'était le palais de Kyuden Nihon*, la grande cour bordée de cerisiers en fleurs produisait un spectacle saisissant, illuminant de blanc la demeure impériale.
Ce jour était spécial.
Sur trois rangs, une trentaine de soldats en armure se tenaient là, désarmés, mais le regard droit et fier. Pas un ne bougeait malgré les longues minutes qui passaient et qui les accablaient de la chaleur du soleil. Leur fonction et grade étaient différents, tantôt y avait-il des fantassins, des aviateurs, des Gunso ou des Taisa. Mais ils avaient été choisi.
Le vieux Rikugunshokan Nezutsune Humezu arriva le premier. Sa voix forte emplit l'air malgré l'âge de l'homme à la barbe grisonnante.

Bushi ! Garde à vous !

Alors que les militaires s'exécutèrent, il arriva enfin.
Shunbin XXII, jeune enfant de quatre années. Entouré de dizaines de courtisans, d'eunuques de son âge et de sa mère, l'impératrice douairière Aya la Rouge, l'Empereur semblait détonner par rapport à ses soldats qui pouvaient, tous, être son père.
Nezutsune Humezu frappa avec force son torse de son poing avant de mettre genou à terre. Tous l'imitèrent. Le jeune Empereur, les yeux emplis de crainte, esquissa un hochement de tête comme on le lui avait appris avant de descendre les quelques marches, sous bonne garde.
Là, des serviteurs lui apportèrent, sur des coussins, une trentaine de médailles alors qu'il s'approchait de chaque homme. Lentement, les récipiendaires se levèrent, les yeux baissés, pour accueillir leur récompense après avoir reçu un mot de Shunbin XXII. La fierté se lisait sur le visage de ses hommes et chez certains, les plus vieux souvent, l'ont pouvait même y voir quelques larmes.
Lorsque vint le tour du Gunso Saruzumi Akagi, celui-ci se leva et baissa les yeux comme tout un chacun. Le jeune Empereur lui agrafa alors, d'une main malhabile, la croix sur son kimono traditionnel.

Gunso Saruzumi Akagi, l'Empire est fier de vous remettre cette récompense pour les faits d'armes que vous avez accompli sans faillir à son service.
Portez désormais avec fierté la Croix de chevalier de la Croix de l'aurore avec feuilles de cerisier et sabres.

Le soldat ne réussit qu'à murmurer un simple merci à l'avorton avant que l'émotion et la fierté ne prennent le pas, l'empêchant de parler.

*Kyuden Nihon, construit en 1346 après la guerre dite des katana écarlates qui vit la destruction de la rébellion menée par le Chokumei du clan Saru, Izomi. Ce nouveau Kyuden, fortifié à l'extrême, devait empêcher qu'on attente à la vie de l'Empereur. Au fil des siècles, celui-ci pris pour habitude de n'en sortir que rarement, confiné dans sa prison dorée.

Sur le pont du cuirassé super-lourd Torayama Yajigen, navire amiral de la première Flotte Impériale, le Bakuryu-chu taru kaishu Saruzumi Shigenobu jeta avec rage sa casquette portant le mon du Phénix Impérial à terre.

-Impossible ! C'est impossible. Par l'Empereur Phénix, où sont ces chiens ?
Amenez moi les cartes !

Ce maudit brouillard nous empêche de faire décoller nos appareils, cela fait déjà cinq jours que nous pourchassons sans répit la flotte ennemie et à chaque fois que nous la voyons pointer à l'horizon, elle nous échappe à cause du temps ! A croire que les Kami sont contre nous...

Secouant la tête, amer, Shigenobu tendit la carte maritime griffonné au Nitu Kaii qui se tenait près de lui avant de lui adresser la parole.

-Je retourne dans mes appartements, ne me dérangez pas sauf s'il y'a du nouveau.

Soupirant, il gravit les escaliers en fer menant à sa cabine, détachant le ceinturon qui portait le fourreau du katana ancestral de sa famille. Se laissant choir sur son lit, fermant les yeux, pensant à sa femme et à ses fils, le sommeil commença à le gagner avant qu'un de ses hommes n'entrent avec précipitation dans la chambre.

-Bakuryu-chu taru kaishu-sama ! Le ciel s'est éclaircit tout d'un coup et l'ennemi a fait son apparition face à nous ! Des dizaines, des centaines de navires nous font face !

-En formation d'attaque, faites décoller les chasseurs. Nous prendrons d'abord le contrôle du ciel. Exécution Nitu Kaii, ne restez pas prostré !

-Hai Bakuryu-chu taru kaishu-sama !

*****************************

Les cris stridents des alarmes résonnèrent dans les couloirs du porte-avion Kitsune Gojuken alors que les aviateurs sortaient par dizaine de leur cabine, leurs lunettes à la main.
Le Taisa Kumayama Jiro mit ses mains en porte-voix de façon à se faire entendre du plus grand nombre.

-CINQUIÈME DABUTAI, A VOS APPAREILS, MAGNEZ VOUS !

Déjà, sur le pont d'envol de l'énorme porte avion, les hélices commençaient à tourner. Les mécaniciens faisaient vrombir les moteurs des Kyoujin MkII alors que les pilotes prenaient le manche et déposaient avec soin leur katana dans un coin du cockpit. Déjà les premiers décollaient, Jiro en tête. Une fois en l'air, un coup d'œil vers la mer l'emplit de fierté. La Flotte Impériale en formation de combat s'étendait jusqu'à l'horizon. Autour du Kitsune Gojuken, les destroyers Rensei, Akodo, Munemori, Dosan et Shohei escortant le lourd vaisseau. Plus au nord, le Torayama Yajigen faisait pivoter avec lenteur ses lourds canon de 300mm face à l'ennemi que Jiro apercevait au loin. Le Taisa prit la radio dans sa main gauche.

-Cinquième Dabutai, au rapport !

Les confirmations se succédèrent et un coup d'œil rapide en arrière lui apporta la preuve que tous les appareils suivaient bien le sien, seul un seul était un peu distancé.

-Ichiro ! Confrontation avec ennemi prévue dans 10 minutes, rejoins la formation !

-A vos ordres Taisa-sama !
Dites...

L'appareil du pilote se positionna à coté de celui de Jiro.

-je me suis toujours demandé Taisa-sama, mais votre histoire d'hirondelle m'a traversé l'esprit toutes les nuits. Même en admettant que votre hirondelle tienne la noix de coco par la fibre...

-Ichiro...

-...un oiseau de 100 grammes ne peut vraisemblablement pas transporter une noix de coco de 500 grammes, c'est un problème de sustentation...

-Ichiro !

-...une hirondelle bat des ailes 43 fois par seconde, si c'est une hirondelle du sud d'accord, mais une hirondelle du nord...

-Ichiro va te faire foutre, ennemis repérés !

En face d'eux une dizaine d'avions, des Sanada vraisemblablement, venaient de décoller du Yama no Oni. Avec le soleil, Jiro avait un peu du mal à distinguer avec précision les formes noires qui s'avançaient vers eux. Tant pis.

Chacun le sien les gars ! Pas de quartiers !

Kyuden Neko.
Les ruines.

Le vent glacé balaye les constructions à moitié détruites de la ville de l'Empire Yugi. Le froid est insoutenable, violent et les cadavres qui parsèment les rues donnent un indice de la température de cet hiver là. Des morts, beaucoup de morts, des blindés, des véhicules et des étendards de guerre plantés là, au beau milieu de nul part, enfouis sous la neige.
Au milieu d'une placette, le Phénix Impérial trône encore avec fierté et le vent le fait claquer avec violence. Mais personne ne tient sa hampe.

Silence.
Tout n'est que silence.
Harada ferme un instant les yeux avant de plonger, presque, ses mains dans les braises du feu qu'il a fait ce matin. L'homme ne sait plus qui il est, quel est son nom. Pourquoi est-il là ? Ses proches souvenirs tendent à disparaître, il ne veut que survivre. Survivre dans cet enfer. Depuis déjà trois jours, il n'a pas vu traces de bushis impériaux. Seulement des cadavres, mêlés à d'autres cadavres, plus nombreux certes, de l'armée ennemie. D'un geste fébrile, il agrippe son Yuko-Kazan A25, ses mains fouillent alors ses poches et en retirent du lourd vêtement chaud, un pack de cartouche. Il recharge. Le claquement sourd habituel de la chambre de tir résonne dans la petite pièce. Silence. Il souffle et referme les yeux. Il nettoie sa lunette de visée avec méthode, chaque poussière doit être enlevé.

Puis il avance, lentement, à genoux. Ses muscles lui font mal, tant pis. Il atteint alors une des fenêtres, le volet de bois est fermé à quatre vingt pour cent. C'est parfait. Il cale son arme sur le rebord. Il arme.
Silence.

Il est tôt, très tôt. Harada le sait. Seul Amaterasu lui permet de compter les jours. Pour le reste il est seul. Mais l'ennemi sortira de son trou, comme toujours. Logistique. Kyuden Neko doit être tenu par les Yugi, il le sait. Ils ne partiront jamais.

Une silhouette traverse la rue, deux centaines de mètres plus loin, suivi d'une deuxième. Harada reconnait les armures noires de l'infanterie lourde ennemie. Les combattants les plus chevronnés qu'il ait pu voir. Ceux qui avaient combattu les Impériaux avec le plus de fougue, une fois leurs bakémonos annihilés, malgré leur nombre.
Harada retient sa respiration. Le trophée n'en sera que plus joli.

Il presse la gâchette. Le coup part et résonne dans la rue. La silhouette s'écroule. La deuxième se jette à terre mais Harada l'a toujours en ligne de mir. Il recharge, vise et tire. Droit au but.*
Mais des dizaines d'autres sortent des bâtisses, une alarme résonne au loin.
Sans attendre, Harada se lève d'un bond. Son Yuko-Kazan sur l'épaule, il dévale l'escalier. Toujours changer de position après avoir été repéré. Toujours.

La journée sera longue. Mais les ennemis de l'Empire craindront encore longtempsl'Exécuteur de Kyuden Neko.

*Paris ! Paris ! On t'encule !

L'immense demeure familiale était plongé dans le silence depuis déjà de nombreux jours. Trop long diraient certains.
La neige couvrait les lourdes bâtisses de pierre qui associaient remarquablement modernité et tradition. Le mon de la famille Seigirasu représenté par une immense représentation de bois laqué trônait sur le hall de la propriété.
Toute la maisonnée attendait le jour fatidique, avec anxiété et impatience.
Ils avaient demandé qu'aucune cérémonie publique ne soit rendue pour la mort de Shigetoki. La douleur était trop dure à supporter pour Aiko, sa mère, il n'était pas question de remuer le couteau dans la plaie.
Quand les troupes impériales déposèrent le lourd cercueil de titane dans le hall, recouvert d'un drap blanc sur lequel était posé une croix de l'aurore, la vieille dame ne put retenir un long sanglot. Sa fille serrait les épaules de sa mère, couvrant le visage de celle-ci avec un éventail de soie dorée.
Les soldats impériaux, bourrus, comprenaient.
Le conflit tendait à s'éterniser, les pertes s'amoncelaient, l'ennemi était mal connu, les ressources de l'ennemi étaient mal connues.

La propagande impériale perdait de sa force. Dans certaines provinces, les gens s'agitaient. Les troupes de sécurité, l'Escadron Seijuro, devait redoubler d'efforts pour empêcher le mal de se répandre à toute la société.

Alors que les pleurs d'Aiko disparaissait après de longues minutes, une petite fille entra dans le hall. Richement habillée, poudrée même à son âge, avec un joli chignon rose sur les cheveux, elle se dirigea vers le cercueil y apposant ses petits mains.

-Otousan'... Otousan' !

Les sanglots de la petite fille et ses appels n'y faisaient rien, seul un silence de mort pour toute réponse.

-Gaisen-chan, ma petite fille...Cesse de pleurer. Ton père n'est que parti pour Tengoku, la demeure des braves. Tu peux être fière de lui...
Gaisen-chan...

Les paroles de sa tante n'avaient aucune emprise sur la petite fille qui continuait à pleurer à chaudes larmes.

Comme beaucoup de petites filles cette année là.

6h le matin.
Le vent violent fait plus que tanguer les petites péniches accrochées tant bien que mal aux lourds navires de guerre impériaux. Les hommes, transis de froid, descendent, hésitants, par les lourds cordages dans les embarcations ballonnées par la houle. Régulièrement, certains tombent, vite repêchés.
La Flotte Impériale se tient dans la baie des cochons d'Inde, loin au sud de Kyuden Yugi. Plusieurs longues années ont passé et les préparatifs se sont terminés il y'a peu. Le débarquement a été prévu au 6 juin* et ce n'est pas le temps exécrable qui pouvait faire changer d'avis le commandement supérieur.
Les navires emplissaient la mer à perte de vue. Mais les plages étaient encore cachées par l'épais brouillard qui tapissaient les terres ennemis, comme chaque matin à l'aube.

A 6h et demi, la première vague de péniches de débarquement démarrent pour filer à tout allure vers la côte. Les hommes, engoncées dans leur nouvelle armure Tetsu 28. avec visière en plexiglas incorporée n'étaient pas rassurés. Beaucoup vomissaient, certains tremblaient sans réussir à cacher leur peur.
Les Gunso, le sabre à la main, haranguaient leus hommes. La main levé, calés sur leurs deux jambes, le compte à rebours en tête, ils semblaient impatients d'en finir.

-20 SECONDES !

Tous déglutirent avec bruit.
Soudain, le moment arriva, raclant le sol, les barges ouvrirent leur lourde porte avec violence. Les impériaux, dans un cri de rage s'élancèrent vers...

*SORRY, INSERT COINS FOR MORE*

*Merde, quelle surprise...

Quelques personnalités de l'Empire du Soleil Rouge.

Loin dans le futur, rien ne change... Mc-arthur-hirohito-capitulation-japon

De droite à gauche, l'Empereur Shunbin XXI, père de l'actuel peu de temps avant sa mort, accompagné de son garde du corps Gaijin Norsce Mak Kaka.

Loin dans le futur, rien ne change... TojoTT

Loin dans le futur, rien ne change... TojoTT

Le Gunshireikan Saruzumi Tojo, grand fan de pop music' et de mp3, en période de détente à l'Etat Major Impérial. Remarquez au milieu le levier 5 vitesses du fauteuil roulant.

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Loin dans le futur, rien ne change... Article_SGE.DXS17.160507134722.photo00.photo.default-512x352

Les Bakémonos de Kyuden Yugi pleurent la perte au front du jeune prodige, Yugi Moké, champion international de gobage de Tetsubo sans les mains.

Loin dans le futur, rien ne change... Canuel-1

Loin dans le futur, rien ne change... Canuel-1

Sur la place d'armes de Kyuden Yugi, les anciens héros sont également pleurés. Ici Yugi Tarero, un des plus formidables généraux de l'armée. Il faisait perfect même en difficulté hyper hard. Remarquez les différents pin's sur la veste gagnés au chamboule tout de la fête foraine de Fleury en Beauce.

Loin dans le futur, rien ne change... Staline_mao

Loin dans le futur, rien ne change... Staline_mao

Magie de la diplomatie. Il y'a quelques décennies, Jotaro IV et Yugi X, dit 'la fiotte', rassemblés pour les derniers jeux sportifs de l'histoire moderne. Après les émeutes de juin qui ont quand même fait plus de 3 millions de morts, il a été décidé de continuer de se faire la guerre tout simplement afin de ne plus perdre de pognons en organisant le spectacle.

Pour les besoins de propagande, le révolver qu'ils portaient à la main ont été supprimé à la retouche.

» Petite demande de rien du tout^^°
» Playing for Change
» Venez voir, ça coute rien et ça aide
» murmurer : tout ou rien
» Madame, on comprend rien !