Le forum officiel de SoleilRouge
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le forum officiel de SoleilRouge

Bienvenue sur le forum officiel du jeu.
 
Revenir au jeuRevenir au jeu  AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

 

 Taishou et le lotus noir

Aller en bas 
AuteurMessage
Kalee
Daimyo
Kalee


Nombre de messages : 178
Date d'inscription : 14/11/2006

Taishou et le lotus noir Empty
MessageSujet: Taishou et le lotus noir   Taishou et le lotus noir EmptyMer 30 Mai - 12:19

Taishou. C’était ainsi que le pêcheur avait appelé son fils unique. Il ne possédait pas grand chose à part une grande barque dont il se servait pour ramener les poissons bien gras que sa femme allait ensuite vendre au marché, mais elle devenait lourde à manier pour ses bras vieillissants. Et le vieux pêcheur avait espéré que son fils l’aiderait un jour à ramer et relever le filet pour continuer à avoir de quoi faire vivre sa famille.

Mais Taishou n’avait que faire de se lever avec la marée pour aller sur les flots chercher le poisson en échange duquel sa mère obtenait du sel et du riz à la ville voisine. Il préférait passer ses journées avec ses amis, persuadé que les kamis lui réservaient un avenir bien plus important que celui-là.

Quand la nuit tombait, le vieux pêcheur soupirait invariablement en maudissant un fils si paresseux, et comme à chaque fois, sa femme posait doucement sa main sur son bras.
« Taishou n’est pas fait pour aller chercher le poisson mais viendra un jour où il nous rendra service et fera notre fierté. ». Et comme chaque soir, le vieil homme hochait la tête.

Il arriva que cet hiver-là fut particulièrement rigoureux. Les taka s’enhardissaient à venir grappiller des miettes jusque dans le village et on avait même vu rôder alentour des kitsune, côtes saillantes et langue pendante, que la faim faisait sortir du bois tout proche. Mais personne ne s’attendait à voir un jour Inoko, la femme du bûcheron arriver en courant et en criant sur la place du marché. Le couple vivait dans une petite maison à la lisière de la forêt et elle expliqua qu’un ookami gigantesque était sorti du bois et y avait entraîné son mari. Elle se lamentait, songeant que le temps que les samuraï du daimyô n’arrivent, son époux aurait depuis longtemps été dévoré.
Taishou avait regardé ses amis. Il y a souvent plus de courage dans plusieurs cœurs que dans un seul, plus de stupidité aussi dirait le sage. Ils étaient jeunes et vigoureux et un loup ne leur faisait pas peur. Sans attendre, ils s’enfoncèrent entre les arbres noirs.

La neige était profonde, même sous les branches des arbres, et ils n’eurent aucun mal à suivre les traces du loup jusqu’à une sombre caverne qui lui servait certainement de tanière. Le sol à l’entrée était rouge de sang et Taishou regarda ses amis. Le bûcheron devait déjà avoir servi de repas à l’animal. Le plus fort des trois carra ses épaules et dit :
« Je suis grand et fort, le plus vigoureux de tout le village. J’irai et je l’étranglerai. ». Et il entra.

Taishou et son ami s’étaient assis un peu plus loin pour partager quelques galettes de riz en attendant son retour, mais le jour baissait et il ne revenait pas. Le deuxième se leva et dit :
« Je suis le plus agile de tout le village. J’irai et je le capturerai . ». Et il entra.

Resté seul, Taishou alluma un feu en réfléchissant. Il était vigoureux certes, mais pas autant que son ami. Il était agile aussi, mais n’égalait pas son ami. La nuit tombait, et il était toujours seul. Il alluma une branche au feu et se dirigea vers la grotte, songeant :
« Si je ne peux ni le tuer, ni le capturer, alors peut-être que je pourrai le convaincre. ». Et il entra.

Dans la grotte il trouva l’ookami. Celui-ci était plus grand que tout ceux qu’il avait pu imaginer, il était plus noir également, et sa langue rouge qui passait entre ses longs crocs blancs pendait jusqu’à son poitrail. Nulle part il ne voyait ses amis et Taishou se dit qu’ils avaient certainement été mangés. L’animal cligna des yeux avant de dire d’une voix grondante :
« Je vais te dévorer pour ton orgueil. ».
Taishou s’inclina :
« Puissant ookami je ne suis pas venu ici pour cela. De plus je gage qu’après avoir dévoré le vieux bûcheron, le plus fort garçon du village et le plus agile, votre ventre doit être bien lourd. »
L’animal se lécha les babines.
« Ce n’est pas faux et ils m’ont donné terriblement soif. Donne moi à boire et je t’épargnerai peut-être. »
Taishou partit en courant chercher de l’eau. Il prit le temps de s’arrêter à l’échoppe de l’herboriste :
« Mon père souffre encore le soir de ses douleurs et n’arrive pas à dormir, il aurait encore besoin de sa potion.
- Rappelle-lui bien de prendre 3 gouttes pas plus. »

Il ramena alors un seau plein d’eau jusque dans la grotte où l’attendait l’ookami qui se jeta avec avidité sur la boisson fraîche. Il fronça le nez :
« Cette eau est amère.
- C’est parce que le bûcheron était sec, lui répondit Taishou avec aplomb.
- Cette eau est brune.
- C’est parce que la grotte est sombre, lui répondit Taishou.
- Cette eau n’étanche pas ma soif.
- Alors finit tout le seau, suggéra Taishou. »
Ce que fit l’ookami.

La grotte était jonchée d’objets ayant appartenu à ceux qui avaient été dévorés. Le jeune homme ramassa un nodashi ancien à la poignée rouge ornée d’une fleur de lotus noire. Posément il tira l’arme de l’étui. Malgré le temps elle était restée belle et brillante et affûtée. Contemplant l’animal couché sur le flanc et profondément endormi, il leva l’épée. Après tout cela ne devait guère être plus difficile que lorsqu’il voyait sa mère étêter les poissons. Il frappa.

De retour au village, Taïshou découvrit que le daimyô avait enfin envoyé deux samuraïs pour les aider contre le loup. Ils étaient sur la place du marché, houspillant les habitants pour que ceux-ci leur indiquent la bonne direction. Le jeune homme s’avança alors, s’inclina, et posa devant eux un paquet noué.
« Honorables samuraïs, le daimyô sera heureux d’apprendre que l’ookami a été tué. »
Les guerriers rougirent de colère et s’apprêtaient à le punir pour son arrogance, mais en découvrant la tête de l’animal dans le paquet, ils ne purent que se rendre à l’évidence.

« Viens avec nous garçon, le daimyô voudra certainement entendre cette histoire de ta bouche. »
Et ils partirent tous ensemble pour la ville.

Vêtu d’un lourd kimono de soie brodée, le daimyô regardait le jeune homme agenouillé devant lui, le front touchant la natte. Il était rouge de fureur et pointa un doigt accusateur sur Taishou.
« Je ne crois pas un mot de tout ceci. Bien des bushi sont allés combattre cet ookami depuis des hivers et ne sont jamais revenus. Je ne vois pas comment toi, simple fils de pêcheur tu aurais réussi là où ils ont échoué. Tu mens ! »
Taishou déglutit. Il savait les samuraï du daimyô tout proches, n’attendant qu’un ordre de leur seigneur pour lui trancher le cou.
« J’ai menti seigneur, il y avait avec moi un vieux bûcheron, le garçon le plus fort du village et le plus agile aussi.
- Tu passeras la nuit à servir mes bushi et demain tu seras puni pour ton arrogance. »

Et Taishou se retrouva dans la caserne à servir les bushi. Comme il était rusé, il se douta que ceux-ci avaient certainement pour ordre de le battre à mort pendant son sommeil. Il s’inclina alors :
« Il fait froid, désirez-vous du thé pour vous réchauffer ?
- Aï, bonne idée. »
Le jeune homme servit les tasses avec précaution, puis regarda les bushi tremper leurs lèvres dans le liquide chaud.
« Ce thé est amer.
- Il aura infusé trop longtemps, répondit-il.
- Il est bien sombre, objecta un deuxième.
- Les lanternes manquent d’huile ce soir, répondit tranquillement Taishou.
- Ce thé donne soif.
- Alors finissez vos tasses, continua-t-il. »
Ce qu’ils firent.
Une fois ceux-ci endormis, Taishou prit le grand nodashi au lotus noir et les décapita tous sans attendre.

Au matin, il attendait paisiblement, agenouillé, l’arrivée du Daimyô venu voir si son ordre avait été exécuté. Celui-ci écarquilla les yeux en voyant que ses bushis avaient tous été vaincus par un simple fils de pêcheur et faillit en avaler son éventail. Puis il se dit qu’il n’avait jamais vu un homme aussi courageux. Or depuis des années, le daimyô avait dans sa province un bois dans lequel personne ne pouvait entrer car on le disait hanté par un mauvais esprit. Le garçon qui avait tué l’ookami et vaincu ses bushi saurait certainement comment le détruire. Et dans le cas contraire il paierait ainsi le prix de son arrogance. C’est donc avec un sourire qu’il s’adressa à Taishou.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un comme toi. Il semble que je t’avais mal jugé. Pars pour le bois qui se trouve à trois jours d’ici, vers le nord, et si tu parviens à vaincre l’esprit qui y réside alors je te donnerai mon unique fille pour femme. »
Taishou s’inclina et partit.

Taishou marchait dans la neige qui couvrait le sol et il se creusait la tête pour savoir comment il allait faire pour vaincre cet esprit.
« Pas question de lui faire boire quelque chose, songeait-il, et de plus il ne me reste plus de potion. »

Les jours passaient et il n’avait toujours eu aucune idée quand il arriva en lisière du bois. La nuit tombait, et même si l’idée de dormir parmi les arbres noirs ne lui plaisait pas, il se dit qu’il trouverait certainement un abri. Profitant des dernières lueurs du jour, le jeune homme pénétra dans la forêt.
L’obscurité était presque complète et Taishou se demandait s’il allait devoir dormir enroulé dans le neige quand une légère lueur apparut au loin. Pressant le pas, il arriva bientôt en vue d’une petite maison. Dehors la nuit était tombée et le jeune homme ne doutait pas que les habitants lui offrirait l’hospitalité au lieu de le laisser dans le froid et la neige. Il fit donc coulisser la cloison et entra.

A peine installé sur la natte qui couvrait le sol, il vit entrer une jeune fille, pâle comme la lune, ses longs cheveux noirs répandus sur la soie rouge de son kimono. Elle s’inclina et posa sur la table devant lui des boulettes de riz et d’orge ainsi que du thé chaud. Puis sans prononcer une parole, elle se retira, avant que Taishou ait pu la remercier pour son hospitalité. Perplexe il réalisa que la maison était particulièrement silencieuse, mais il avait très faim et fit honneur au repas. Le voyage avait été long et fatiguant, et maintenant qu’il était au chaud, le jeune homme ne put s’empêcher de fermer les paupières.

Hélas, à peine endormi, il fut réveillé par une voix qui disait :
« La fleur a été volée. »

Ouvrant les yeux, il ne vit que la maison, la table basse et le thé encore fumant, la natte propre et chaude sous lui. Epuisé, il s’endormit à nouveau.
« La fleur a été volée. »

Taishou se frotta le visage. La maison était toujours aussi silencieuse pourtant il lui semblait bien qu’une voix lui avait dit quelque chose. Il bailla et haussa les épaules. Il s’agissait probablement d’un mauvais rêve.
« La fleur a été volée ! »

Cette fois il bondit sur ses pieds. Il n’avait pas rêvé. Plus curieux qu’effrayé il se dirigea vers la cloison qui le séparait du reste de la maison.
« Allons, se disait-il, un mauvais esprit ne donnerait pas du thé et des boulettes de riz et d’orge à un voyageur affamé. »
Il parcourait les pièces, mais elles étaient vide, et maintenant la voix se faisait à nouveau entendre.
« La fleur a été volée ! »

Taishou se campa sur ses pieds, regardant autour de lui, l’air courroucé.
« Je ne suis ni le plus fort du village, ni le plus agile, je n’aide pas mon père à la pêche, mais je ne suis pas un voleur !
- Alors rend la fleur, rends-la… rend la fleur… la fleur. »
Le jeune homme grimaça, maintenant persuadé d’être en présence du mauvais esprit et ne sachant comment lui répondre. Il ouvrit une dernière cloison. Cette pièce-ci était presque complètement noire, et la voix plus forte.
« La fleur, la fleur ! »

N’importe quel voyageur se serait enfuit de peur, mais Taishou avait tué un ookami gigantesque, il était venu à bout des bushis du daimyô, tout compte fait cette voix-là ne semblait pas plus effrayante. Saisissant le nodashi qu’il avait emporté, il frappa dans les cloisons pour laisser la lumière entrer dans la petite pièce. Celle-ci aussi était vide, à l’exception d’un présentoir de bois laqué orné d’un lotus noir, et de la voix qui maintenant lui hurlait aux oreilles de rendre la fleur. Le jeune homme rengaina doucement la longue épée avant de la déposer respectueusement sur le présentoir. Aussitôt le silence se fit. Taishou hocha la tête et retourna dans la première pièce où il ne tarda pas à s’assoupir.

Dans la lumière du petit matin, la maison lui parut bien différente. Le toit était percé, les cloisons tombaient en lambeaux, les nattes étaient usées et moisies, et dans la petite pièce, aucune trace du nodashi et de son présentoir. Perplexe, il fit le tour de la maison. Peut-être y rencontrerait-il la jeune fille à la pâleur de lune.
Tout ce qu’il découvrit fut un pot de bronze à moitié enterré dans le sol sur lequel il trébucha, et dans ce pot il trouva de l’or.

Taishou remercia les kamis de leur bonté et retourna voir le daimyô. Il épousa sa fille unique et grâce à l’or trouvé dans le pot put subvenir aux besoins de ses parents. Sa mère avait eu raison, il avait fait leur fierté.

Taka corbeau
Kitsune renard
Ookami loup
Revenir en haut Aller en bas
 
Taishou et le lotus noir
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le forum officiel de SoleilRouge :: LES FORUMS GENERAUX :: LES CHRONIQUES-
Sauter vers: