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 Mort imminente

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LoLo
Daimyo
LoLo


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MessageSujet: Mort imminente   Mort imminente EmptyMar 2 Sep - 21:05

L'attente.
C'est là le pire moment dans une bataille. Un intense moment de flottement, où chaque samouraï tente de rester stoïque, de masquer la peur qui le taraude.
Mais cette bataille était différente, c'était une bataille qui ne pouvait être gagnée.
Chacun de ses hommes avait choisi son destin, choisi de combattre pour celui qu'ils avaient reconnu comme le maître légitime de l'Empire.
Ils avaient tous des raisons différentes de mourir aujourd'hui : les uns pour l'honneur, les autres par devoir, certains simplement par habitude.
Leur seul point commun était leur mort imminente.

Parmi les rangs, un jeune homme qui semblait à peine avoir passé son gempukku se dressait comme les autres. Aussi droit, aussi fier, aussi inconscient.
Il portait avec une fierté évidente une armure légère portant le mon de son clan qui lui avait été remise par son Daimyo, et regardait à l'horizon les troupes ennemis, très largement supérieures en nombre, s'avancer dans un silence de mort.

Il regarda autour de lui, l'absence de sa Sensei le mettait mal à l'aise. Il ne l'imaginait pas fuir la bataille, ce qui signifiait qu'elle devait être sur une mission plus importante que la défense du Kyuden.
Le jeune homme ne se doutait à cet instant pas qu'il ne la reverrai que quelques instants avant sa mort, ni qu'il lui survivrait.

Son regard se détourna alors vers sa hiérarchie, et il vit ces puissants guerriers dans leurs armures étincelantes, prêts pour leur dernier combat.
Il croisa le regard de l'un de ses Shûno, inébranlable, qui lui sourit comme si la victoire était acquise, puis le jeune homme fut emporté par un souvenir fugace...



----------------------------------

Kyuden Torayama, an 392

Le clan Torayama venait de perdre son plus grand guerrier depuis Torayama l'Invincible, Torayama Jotaro.
Son Karo, qui avait pris sa suite, venait de mener ses troupes contre un Oni avec succès, ce qui emplissait le cœur de chaque jeune bushi du clan d'une immense fierté.
Le jeune bushi qui s'entraînait en vue de passer son gempukku n'échappait pas à la règle. Il s'entraînait jour et nuit afin d'être à la hauteur de ses illustres ancètres.
Il n'était pourtant pas né d'une famille très puissante, ni très réputée pour avoir d'habiles guerriers, dans un clan où l'on ne formait que l'élite.
Si sa volonté était impressionnante, le bushi en devenir n'était pas très impressionnant physiquement, et ne semblait pas parvenir au niveau d'excellence requis pour un vrai défenseur du clan Torayama.

Le fils de l'ancien Daimyo, de quelques années plus jeune que lui, paraissait déjà avoir des prédispositions incroyables pour son jeune âge, tandis que lui ne semblait bon qu'à apprendre quelques katas très académiques.
La voix de son père jaillit dans son esprit : "Un Torayama ne se plaint jamais, il ne doit jamais reconnaître ses faiblesses, car il n'en a pas". Pourtant devant une telle différence, le garçon alors âgé de 10 ans ne savait comment cacher sa jalousie. Il serra les poings, et recommença encore une fois les katas simples qui lui étaient enseignés.
Mais il avait le plus grand mal à insuffler à son sabre de bois la vie qui animait celui des plus grands combattants. Son style n'était pas mauvais, il était même plutôt doué pour copier ses entraîneurs et réaliser des enchaînements assez techniques, mais il lui manquait cette flamme qui transformait un bushi médiocre en un adepte du Tigre.

Plusieurs autres jeunes guerriers s'entraînaient à ses côtés, mais il était le dernier sur les lieux ce soir là.
Les dernières lueurs avant la tombée de la nuit lui permettaient encore de s'entraîner quelques minutes, et l'un des Shûno du clan s'approcha calmement de lui.
Il ne le connaissait pas très bien, mais il dégageait un calme impressionnant. Là où la plupart des Torayama incarnent pleinement l'esprit du Tigre et se laissent aller à des querelles parfois hâtive, ce dernier semblait réfléchir chacun de ses actes et de ses paroles.
Pourtant, nul ne pouvait contester qu'il était un véritable Torayama : puissant, agile, prompt à partir au combat.
Il se pencha alors vers le garçon : "Tu t'entraîne encore, alors que tu vois bien que tu n'auras jamais le niveau des autres jeunes... Pourquoi un tel acharnement ?"

Le jeune bushi fût piqué dans son orgueil et soutint le regard de son aîné : "Un Torayama ne renonce jamais ! Et je suis un Torayama..."
Le Shûno prit alors un regard très sérieux et lui passa la main dans les cheveux : "Parmi les Torayama, certains ont un don inné. Ceux-là formeront l'élite, des guerriers que nuls ne surpasseront. Leur talent et leur maîtrise forcent l'admiration. D'autres sont plus posés et savent peser chaque décision. Ils n'en sont pas moins Torayama, ils sont aux premier rang lors des batailles, et sont presque aussi redoutable que les autres Torayama. Vois-tu un quelconque déshonneur à appartenir à ceux-là ?"

Le futur bushi comprit alors qu'il suivrait cette voie. Il ne se doutait pas alors du grand destin qui attendait le Shûno, et encore moins qu'il porterai un jour son nom.

-----------------------------------

Quelques années à peine le séparait de cette scène. Pourtant tant de choses avaient changé depuis. Son gempukku, son voyage au sud, et finalement la guerre.
Aujourd'hui il portait fièrement son sabre au côté, et se tenait prêt au combat.
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LoLo
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MessageSujet: Re: Mort imminente   Mort imminente EmptyMer 3 Sep - 23:44

Les troupes étaient maintenant presque en place.
Celles du clan n'avaient pas respecté les anciennes traditions en ne sortant pas à la rencontre de l'armée adverse. Mais cette guerre n'était comparable à aucune autre.
Le jeune Torayama vit avec une certaine appréhension la mise en place des troupes adverses. Cette angoisse n'était pas liée à la peur, car un Torayama n'a jamais peur, mais à l'inexplicable excitation qui précède la bataille.

A ses côtés se tenait plusieurs jeunes, ceux qui avaient partagé son entraînement, son meilleur ami, le jeune fils du précédent Daimyo qui avait été désigné comme son supérieur pour la bataille, et tant d'autre dont il ne retiendrait jamais le prénom.
Mais aujourd'hui, seul comptait leur nom de famille : Torayama.

Son regard se perdit un instant vers les Ashigaru qui les suivaient, puis croisa celui de la jeune magistrate du clan qui avait partagé ses premières patrouilles.
Ce simple contact visuel le plongea à nouveau dans une vague de souvenirs...


----------------------------------

Croisement des chemins, 397

Le jeune Torayama avait désormais passé son gempukku.
Il s'était durement entraîné avec les jeunes de sa génération, gagné en endurance et en agilité.
Depuis qu'il s'était officiellement présenté devant son Daimyo, sa vie n'avait guère changée, il continuait à arpenter le dojo chaque jour de nombreuses heures.
La vie d'un Torayama était pourtant réputée pour être trépidante et remplie de combats perdus d'avance, mais son service auprès du clan s'était jusque là résumé à s'entraîner au bokken.

Mais sa chance avait tournée lorsque la nouvelle Karo du clan décida de les prendre, une jeune magistrate et lui, sous son aile.
Elle les amena donc en patrouille aux abords du Kyuden. L'excitation montait d'un cran, le bushi pouvait sentir l'imminence du combat, la gloire qui l'attendait.

Il avait déjà foulé le sol hors de la forteresse Torayama, mais aujourd'hui était une journée unique.
Il portait un véritable sabre dans son obi, son domaru portait le mon de son clan, comme tout autre Torayama.
Sa posture était droite, un peu trop pour être naturelle, et il saluait systématiquement chaque bushi du clan en sortant afin que tous puissent remarquer qu'il était devenu un vrai samouraï, un vrai défenseur du clan.

Celle qui devint par la suite sa Sensei, celle qui le guidait depuis qu'il avait passé son gempukku leur sourit, et prit la direction de la croisée des chemins.
Dès leur arrivée, ils comprirent que quelque chose n'était pas normal. Ils virent un paysan qui ne les saluèrent pas, et le jeune homme se sentait prêt à aller lui expliquer la politesse avec tout le zèle qui caractérise les jeunes Torayama à peine sorti de leur Gempukku. Mais sa Sensei le retint.
Il vit alors ce qui empêchait le paysan de les saluer. Un homme d'âge mur, en piètre condition physique, se tenait dans l'ombre derrière lui. Le scintillement d'un Tanto sortit de l'ombre, confirmant la menace. Le jeune bushi reconnut immédiatement la pire engeance de l'Empire : un ancien samouraï déshonoré ayant choisi de vivre plutôt que de faire Sepukku, vivant désormais du fruit de ses larcins.

Son katana jaillit de son obi avant que le ronin ne puisse esquisser un geste, et le Torayama lui fit sentir à deux reprises le goût du fer.
L'homme semblait plus expérimenté, mais de longues semaines de privations et son manque d'entraînement ne faisaient pas le poids face à la fougue du jeune samouraï.

Alors que l'homme semblait à peine tenir debout, il n'eut pas un semblant d'hésitation et s'apprêtait à mettre fin à son existence de maraude lorsqu'une nouvelle lame surgit et abattit le ronin pour laisser place à la jeune magistrate, souriante.
Le Torayama eut grand peine à se retenir, et s'avança vers elle, Katana encore en main, lui jetant qu'une telle attitude n'était pas digne d'une Torayama.

La situation faillit s'envenimer lorsque la Karo intervint pour les séparer.
Elle félicita la magistrate pour s'être assurée que la mission était menée à bien, s'adressant au jeune homme en ces termes :
"Certaines choses doivent être accomplies. Ne compte jamais sur d'autres clans pour faire ce qui doit être fait !
Nous sommes des Torayama, et parfois, pour le bien de l'Empire, il nous faut mettre notre orgueil de côté pour le servir au mieux."

----------------------------------

Laisser le devoir prendre le pas sur l'honneur ? Le jeune bushi n'était pas certain de l'avoir accepté aujourd'hui encore, alors que les Ashigarus ennemis se mettaient en position a quelques dizaines de mètres d'eux. Pourtant dans quelques heures, sa Sensei allait terminer sa leçon, le payant de sa vie.

N'en ayant pas conscience, le Torayama remerciait les Fortunes de se battre aujourd'hui à la fois pour l'honneur et par devoir.
La gloire viendrait terminer cette valse macabre.
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MessageSujet: Re: Mort imminente   Mort imminente EmptyVen 21 Nov - 20:51

La tension était à son paroxysme.
Les troupes shogunales s'étaient mises en position, et l'écrasante supériorité numérique entraînèrent quelques réactions d'énervement. Mais aucun Torayama n'esquissa de geste pour fuir ou n'eut de réaction craintive.
Le jeune bushi sourit intérieurement en apercevant les étendards de quatre clans réunis pour les combattre. Il fallait bien au moins cela pour prendre Kyuden Torayama.

Les officiers adverses s'avancèrent afin d'échanger quelques paroles et les échanges commencèrent à se faire plus incisifs.
De chaque côté, des paroles parfois honorables, parfois insultantes, parfois résignées fusèrent. Le Torayama ne dit pas un mot, concentré sur le combat, mais écouta les joutes verbales avec attention, rageant parfois lors de certaines insultes de leurs adversaires.
Ce fut à cet instant que le bushi comprit que la guerre ne suivait aucune règle logique, que les mots n'avaient pas leur place sur un futur champ de bataille. Il resta donc muet.

Son stoïcisme fut mis à rude épreuve lorsqu'il vit une scène qui le lui fit perdre contenance.
Il ne vit pas parmi les officiers la Daimyo Kuma qui était venue offrir son soutien à son propre Daimyo. En lieu et place, il vit le Karo Kuma portant le Kuma No Nodachi, s'avançant à la tête de ses troupes, visiblement rangées aux côtés des troupes venant détruire le Kyuden.
C'était un samouraï très impressionnant, dont la stature ne pouvait être comparée qu'à un autre Kuma, et qui paraissait pouvoir déplacer des montagnes.
Mais le jeune guerrier Torayama ne fut pas surpris par son aspect, car ce n'était pas la première fois qu'il le voyait...



----------------------------------

Kyuden Kuma, 397

Les deux jeunes Torayama arrivèrent enfin aux portes de Kyuden Kuma.
Ils n'avaient pas conscience de la taille de l'Empire jusque là, et s'ils avaient pu lire des cartes lors de leur apprentissage, ils n'étaient pas habitués aux rigueurs du voyage.
Mais ils ne dirent un mot pour se plaindre, car la mission que leur avait donné leur Daimyo était de la plus grande importance. Le jeune homme avait été surpris qu'une telle mission soit confiée à une magistrate et un bushi à peine sortis de leur gempukku.

Ils firent quelques pas vers les portes qui s'ouvrirent à la volée pour laisser passer un important contingent de guerriers Kuma prêts à partir combattre l'Ombre.
Le jeune samouraï fut assez impressionné par leur allure. Si les Torayama sont les meilleurs guerriers de l'Empire, les Kuma sont impressionnants par leur physique bâti chaque jour lors de leur combat contre la Terre des Ombres et par leur discipline.
Ne laissant la magistrate parler, il demanda poliment au Shûno qui les dirigeaient l'autorisation de séjourner dans le Kyuden. L'autorisation lui fut donnée sous forme d'un grognement affirmatif, mais le Torayama n'eut pas le temps de relever cette impolitesse car la patrouille partait déjà.

A peine entrés dans le Kyuden, ils comprirent que quelque chose s'y déroulait.
Cette forteresse, réputée pour être toujours sur le pied de guerre, n'avait pas l'allure martiale qu'elle devait avoir au quotidien.
De nombreux serviteurs courraient partout, cherchant à s'occuper au mieux d'hôtes prestigieux. L'information leur fut confirmée par une membre du clan Kitsune, qui les informa non seulement que le Shogun se trouvait en ces murs, mais également que le mon Torayama n'était pas le bienvenu.

Abandonner leur mission étant inimaginable, ils se dirigèrent vers l'échoppe de la vieille Mu.
Ils durent négocier avec la vieille femme qui tenait l'échoppe, qui accepta finalement d'examiner leur requête.
De nombreuses heures passèrent, et la vieille femme ne revenait pas. Ils savaient que dans l'auberge à côté se restauraient de nombreux samouraï Yatagarasu, probablement désireux d'en découdre, ce qui assombrit considérablement leur humeur.

L'attente se prolongea, et un homme entra dans la pièce.
Grand, puissant, il portait l'insigne de Karo du clan Kuma sur son armure lourde.
Dès que le jeune bushi le vit, il remarqua l'allure sûre d'un guerrier rompu à tous les combats, mais fut surpris lorsque son tsurugi jaillit de son obi en même temps qu'il prononça des paroles les accusant d'être des espions.
Le jeune samouraï aurait probablement pu dégainer à ce moment-là, et défendre la magistrate qui semblait la cible du colosse. Il savait qu'ils ne pouvaient pas rivaliser avec un guerrier de son expérience, mais cela avait peu d'importance. Ce qui le retint fut de mourir sans avoir pu accomplir une mission vitale pour l'Empire et pour son clan.

La magistrate fût donc la cible d'une attaque, et tomba à genoux, presque mise à terre en un simple coup.
Le jeune bushi éleva alors la voix, expliquant sans la moindre omission leur mission, et servant au Karo Kuma une tirade enflammée sur l'honneur Torayama et le sauvetage de l'Empire.
Les mots qui furent échangés n'ont pas grande importance.
Il s'agissait alors des propos d'un samouraï trop jeune pour savoir que l'idéalisme était toujours étouffé par la soif de pouvoir. Des propos naïf et sincères qui n'auraient jamais pu convaincre un homme qui n'aurait pas partagé cet idéalisme. Tel était du moins l'avis du jeune bushi.

Pourtant, le jeune homme fut presque le premier surpris lorsque le géant Kuma rangea son arme et leur fit confiance.
Il alla même jusqu'à vanter l'honorabilité des jeunes Torayama, tout en affirmant ne pas reconnaître le ronin que les Torayama avaient reconnus comme l'Empereur-Phénix.
Mais peu lui importait, car la vieille femme revint enfin avec une fiole contenant l'antidote pour le poison qui avait été administré à Nihon.
L'Empire était sauvé... Pour l'instant.

----------------------------------

Le jeune bushi écouta encore quelques instants l'homme se défendre de ne pas employer l'arme ancestrale de son clan, expliquant qu'il agissait pour l'Empire, lui épargnant une longue guerre civile.
Mais le jeune homme ne put trouver aucune excuse à celui qui laisse son Daimyo mourir, à celui qui sait où se trouve la vérité et qui fait le choix de l'ignorer.
Comment ce samouraï qui représentait pour lui la force, l'honneur, une sorte d'incarnation du rempart qu'est le clan Kuma contre les forces de l'Ombre pouvait-il faire un tel choix ?

Le Torayama perdit alors contenance, et tenta de le ramener à la raison par une nouvelle tirade qu'il savait inutile.
Mais déjà sa naïveté et son admiration étaient en train de s'estomper, laissant place à une détermination farouche.
Il le combattrait, lui, en même temps que les autres.
Plus que les autres, en réalité.
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LoLo
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MessageSujet: Re: Mort imminente   Mort imminente EmptySam 29 Nov - 11:35

Première bataille, premier choc...Tous ces guerriers qui s'entretuaient sans aucune retenue.
Le jeune homme mit quelques secondes à émerger, à comprendre qu'il devait combattre lui aussi, malgré ses jambes faiblissante, malgré ses mains trop serrées sur le manche de son katana.

Puis son entraînement reprit le dessus.
Il était Torayama, et un Torayama meurt au combat. Toutes ces années d'apprentissages, ses voyages, tout cela n'avait qu'un seul but : le préparer pour cette journée. Cette journée funeste où il mourrait au service de son clan, de son seigneur.
Il brandit son katana, à la recherche d'une cible. Un combat avait déjà lieu à côté de lui. L'un de ses frêres combattait une Yatagarasu, naginata fermement en main. Le jeune bushi eut à peine le temps de remarquer la beauté froide de la Yatagarasu, essayant d'oublier immédiatement la futilité de la bataille qui avait lieu.

Puis il vit une jeune femme de son âge, portant également le mon du clan Yatagarasu. Yatagarasu, l'ennemi...
Sans réfléchir, il se mit en garde haute et chargea. Son premier coup, trop prêssé, fut aisément esquivé. Le Torayama se remit en position défensive, et para le premier coup de son adversaire.
S'ensuivit un combat qui n'avait rien d'exceptionnel, les deux combattants étant relativement inexpérimentés, et seuls quelques coups portèrent, aucun d'entre eux ne parvenant à prendre l'avantage sur l'autre.
C'est alors que le jeune homme eut alors une révélation : deux samouraïs honorables combattants pour l'honneur de leur clan était une chose magnifique.

Il ne faillirait pas, il ne reculerait pas.
Cela aurait été une insulte à son clan, à son daimyo, à ses frêres de sang... Et à son adversaire.
Alors que les armées du Shogun s'apprêtaient à porter une nouvelle attaque massive, le jeune bushi fut pris d'une intuition : finalement, ce combat avait un sens. Un sens enfoui au plus profond de chaque samouraï.


-----
Kyuden Yachu, 399

L'homme était impressionnant.
Il portait son armure lourde, le sabre de clan au clair. L'air noble, l'air supérieur.

Le véritable ennemi leur faisait face. Les serviteurs de l'Ombre, dans un désordre apparent, affluaient vers eux inlassablement.
Le Daimyo du clan Torayama fut le premier à subir l'assaut, une formidable créature tentant de l'écraser en brandissant un tronc d'arbre, tandis que de nombreuses petites créatures l'attaquaient de toute part.
Mais une maîtrise surréaliste émanait de lui. Le guerrier n'avait aucune peur, aucune retenue. Il abattait son sabre sans flêchir, encaissant de nombreux coups mais il tenait toujours debout.

Cet exemple était une véritable source d'inspiration pour tous les défenseurs de l'Empire qui s'étaient unis pour combattre l'Ombre, et en particulier pour le jeune Torayama.
Il fit immédiatement face à un adversaire, une hideuse créature qui devait être un éclaireur. Un bien faible trophé, mais le bushi en termina rapidement avec lui, et sentait le sentiment de victoire l'étreindre.

L'enseignement du clan Torayama apprenait aux jeunes qui deviendraient les serviteurs du clan ce qu'était l'honneur, la fierté, et montrait à chacun d'entre eux qu'il fallait cultiver ces valeurs, toujours rechercher la perfection.
Mais plus que cet enseignement, et malgré qu'il fut plus modéré que nombre de ses frêres, le jeune bushi comprit ce jour-là qu'il portait lui aussi dans son sang ce goût pour la gloire.
Et plus intimement encore cette tendance à tout sacrifier pour leur conception de l'honneur. Sa sensei lui avait également légué cette vocation au sacrifice pour le plus grand bien de l'Empire.
Ce jour-là, il compris qui il était.

Après avoir vaincu deux adversaires, le jeune homme se trouva à court d'ennemis. La victoire était là, mais son Daimyo luttait encore.
Il eut un frisson lorsqu'il vit le puissant guerrier être mis à terre, mais il se releva immédiatement, et abbatit ses terribles adversaires.
Servir un tel homme serait le plus grand honneur qu'un samouraï puisse espérer.

----

Court flash, puis retour à la réalité.
Cet affrontement fratricide sonnerait-il réellement les prémises d'une grande victoire comme dans sa vision ?

Le jeune bushi ne pouvait l'affirmer, mais il se raccrochait à cette pensée lorsque les ashigaru chargèrent en masse.
Incapable de se concentrer sur son combat, son adversaire et lui ayant été séparés par la vague formée par l'armée Shogunale, un ashigaru lui portat un coup, et il sentit la douleur affluer dans tout son corps.
D'un geste simple et efficace, il ota la vie à ce soldat qui osait porter la main sur lui, mais une seconde blessure, puis une troisième, lui mordèrent les chairs.
Son sabre se brisa en éliminant un nouvel ennemi, mais il sombrait lentement mais sûrement dans l'inconscience.

Jusqu'au dernier souffle il combattit, non pour la victoire, qui leur échappait, mais pour l'honneur, pour la légende.
Il gardait à l'esprit que mourir au service de son clan était le destin de tout samouraï, et lorsqu'un ashigaru lui porta le coup qui le mit à terre, un sourire restait gravé sur son visage.
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